C’était un matin comme les autres. Elle s’était levée tôt avec l’intention d’avoir une journée active, efficace. Elle avait même descendu du travail dans la cuisine pour commencer la journée sur les chapeaux de roue. Le temps du petit-déjeuner était indispensable à son bien-être. Elle commençait par des tartines, mâchées dans le silence ou en écoutant une émission quelconque. Ensuite elle nettoyait consciencieusement la table et attrapait un livre, sa tasse de thé bien chaud à côté d’elle. Elle lisait quelques pages, le temps de finir son thé. Et enfin elle approchait son ordinateur, pour y taper quelques phrases. Elle avait commencé un roman dont elle ne savait pas tellement où il allait, mais ce rituel, même vide de sens, lui faisait du bien.
Pour ce roman elle avait décidé de faire quelques recherches afin de nourrir sa créativité, c’est pourquoi elle avait beaucoup de travail. Parfois, elle signait quelques contrats pour s’assurer un revenu plus important et mettre de l’argent de côté. Ce matin là était comme tous les matins. Agréable, calme. Pourtant, un événement vint perturber la bonne marche de son quotidien. Alors qu’elle était au milieu d’une phrase, quelqu’un sonna à la porte. Ce son désagréable l’agaça. Elle fut tentée de ne pas y répondre, de faire comme si elle n’était pas là. Elle finit de taper sa phrase, mais elle n’était plus dans les mêmes dispositions. Quelque chose s’était brisé.
À la porte d’entrée, la sonnette repris de plus belle. Elle se résolut alors à se lever en grommelant dans sa tête. Mais qui pouvait bien la déranger à une heure pareille. Ce n’était pas possible, ça, on n’était jamais tranquille ! Elle entrouvrit la porte et lança un regard noir au visiteur. Son agacement était tellement palpable que l’intrus recula un peu. Il paraissait avoir à peu près son âge, souriant et sympathique. Son bonjour était enjoué et il s’excusait platement de la déranger. Il était le nouveau voisin et il avait besoin d’un tournevis. Il pensait bien qu’il y avait quelqu’un car il avait entendu du bruit, mais il s’excusait encore de la déranger pour une telle broutille. Elle se détendit et eut un peu honte de la mine revêche qu’elle lui avait offerte. Elle essaya de se montrer affable en lui tendant son tournevis, mais elle sentait bien qu’elle ne pouvait faire illusion. Quand elle eut refermé la porte, elle se dit qu’elle n’était vraiment pas douée avec les humains.