Fascination. Elle le trouve intéressant. Elle a envie de lui parler et de l’écouter parler. Autour les autres la dérangent. Elle n’est pas à l’aise quand il y a beaucoup de monde. Elle se sent inadaptée, elle n’arrive pas à trouver sa place. Elle sait que dans ces circonstances sa curiosité pour lui est vaine. Elle n’arrivera pas à lui témoigner cette envie de lui parler, mais sera au contraire sur la défensive. Fermée, mal à l’aise.
Elle sent une curiosité réciproque, mais une curiosité de surface. En tout cas une curiosité qui ne vivra pas plus longtemps que cette soirée… jusqu’à la prochaine fois. Lui est passionné par les autres. Il s’intéresse aux gens, à ce qui les anime. Il veut les connaître et les comprendre. Ainsi c’est naturel qu’il s’intéresse à elle comme il s’intéresse à d’autres. Lors de leur première rencontre il a dit quelque chose qui l’a frappée : « Je tombe amoureux tous les jours, toutes les minutes. C’est mon moteur. » Ça l’a frappée parce qu’elle a compris ce qu’il voulait dire. Elle ne tombe pas amoureuse aussi souvent, plus sauvage et en retrait. Mais elle vit régulièrement ce sentiment d’attirance pour quelqu’un. Une attirance qui n’a pas d’autre but que d’assouvir sa curiosité pour l’autre jusqu’à ce qu’elle se tarisse. Une fois les gens loin d’elle elle oublie. Elle sait que c’est exactement la même chose pour lui et c’est peut-être précisément pour cette raison qu’elle se sent proche sans le connaître très bien.
Pourtant, à chaque fois qu’elle le voit c’est une occasion manquée. Ils ne peuvent échanger que quelques mots. Quelques mots qui ont l’air d’annoncer une discussion intéressante, mais celle-ci n’a jamais lieu. Elle voit les gens autour comme un obstacle à cet échange qu’elle aimerait avoir, mais qui ne vient jamais. Elle sait pourtant que c’est sa passivité qui est responsable. À la fin la seule chose qui reste est la frustration.