Vague de pollution, on se frotte les yeux, la gorge pique. Il y a une espèce de brouillard persistant dans le ciel. Un brouillard épais, d’un gris tirant sur le roux, sans charme. Les métropolitains ont l’habitude d’observer ça. Mais cette fois c’est pire. Ils n’ont plus envie de sortir pour l’affronter. Ils sont las. Las de ce danger invisible. Ils se demandent s’ils ont déjà respiré un air pur. Maux de tête et fatigue. On ne sait pas si c’est une idée que l’on se fait ou si la pollution a réellement des effet directs sur le bien-être quotidien. Rester barricadé chez soi. Ce qui ne sert à rien du reste. En plus d’être invisible, le danger ne peut pas être évité. C’est un peu comme si la Terre était un fumoir gigantesque. Gâcher le paysage et rester enfermé.
Pourtant il fait beau. Il fait aussi très froid, un froid qui s’insinue partout. Un peu comme les particules fines que l’on inspire malgré nous. Une sortie pourrait presque être agréable si l’on n’avait pas l’impression qu’un poison insidieux nous rentre dans la tête. Frustration du temps présent. Rien n’est fait pour réduire ces pics de pollution. Il n’y a plus qu’à attendre qu’il pleuve ou qu’il neige. Triste attente que celle-là. On n’attend pas la neige pour jouer dedans ou pour entendre les sons comme étouffés dans du coton. Non, on l’attend parce que nos yeux brûlent, parce qu’on se dessèche dans l’air impur. Tristesse du temps présent.