Comme une bête traquée. Angoisse profonde, qui remonte dans sa tête en une douleur sourde. Battements du cœur qui résonnent, le sang qui palpite plus vite. La conscience du danger a rarement été aussi forte. Elle se tient sur ses gardes à s’en épuiser. Peur de ce qu’il pourrait se passer. Et si elle craquait ? Et si sa vigilance diminuait ? Elle ne peut pas supporter cette idée. Revenir en arrière, revivre des scènes qui se sont déjà passées. Ne plus pouvoir se regarder dans une glace. C’est ce qui la terrifie le plus. Perdre son estime pour elle-même, se perdre.
Jusqu’à présent elle s’est montrée forte. Elle a puisé en elle des ressources insoupçonnées. Mais elle a été aidée. Un soutien discret, mais indispensable. Sans lui qui sait ce qu’il se serait passé ? C’est un hasard extérieur qui l’a libérée, mais c’est une vigilance constante qui l’a tenue à l’écart d’un nouvel emprisonnement. Elle sait qu’à moins d’un miracle, le danger ne disparaîtra jamais complètement. Par moments il se fera si discret qu’elle en viendra même à oublier sa présence, mais c’est précisément dans ces instants qu’il frappera. Elle ne devra jamais baisser sa garde.
Libération de la parole. Depuis qu’elle a osé en parler c’est comme si elle érigeait les murs d’une forteresse autour d’elle. Des murs qu’elle espère solides, invincibles. Elle avale le soutien moral qu’elle peut capter ici ou là et le recrache contre lui. Vie de lutte.