Comme tous les ans à l’approche de la nouvelle année, les contacts s’agitent. Il faut faire des bilans, dire bien fort ce qui était bon ou mauvais pendant cette dernière année. Pleurer sur les disparus, les drames et les guerres. Mais se réjouir tout de même des petites victoires personnelles. Exprimer la personne que l’on veut être publiquement.
Et puis il faut préparer la dernière soirée. Celle où l’on se prouve à soi-même que l’on a des amis, que l’on n’est pas seul. Choisir avec soin ce que l’on va porter, ce que l’on va manger, ce que l’on va boire. Se raconter l’histoire que ce sera la meilleure soirée de l’année. Finalement la soirée n’est pas différente des autres, si ce n’est que l’on a mis les petits plats dans les grands. Chacun a fait plus d’efforts que d’habitude pour être plus beau, plus enjoué, plus drôle. Porter le masque de la liesse générale. Ne pas dissoner par rapport aux autres.
En réalité le passage de la nouvelle année passe inaperçu. Le décompte artificiel n’a aucun sens et la soirée continue comme elle avait commencé. Certains courageux sont restés enfermés. Refus de l’obligation sociale, refus de la vanité. Ils ont passé la soirée chez eux comme si elle n’était pas différente des autres. Ils ont fait réchauffer un plat surgelé au micro-ondes, ils ont regardé un vieux film, lu un livre en cours. Une solitude bienvenue, mais incomprise. Ne pas sortir pour ne pas avoir à répondre à la question : « Et toi, qu’est-ce que tu fais pour le nouvel an ? »