En ce moment, le printemps se bat avec l’hiver. De temps en temps il parvient à réaliser des percées. Un rayon de soleil par ci, un chant d’oiseau par là. La verdure reconquiert doucement l’environnement. Mais c’est toujours fugitif. Bientôt la grisaille envahit à nouveau l’ensemble. L’hiver n’en est qu’à sa moitié et pourtant il a trop duré. Tout le monde veut déjà le voir terminer.
Saison mal aimée. Quand il arrive en décembre pour tout couvrir d’un voile de froid on l’adore, on voudrait même qu’il se déchaîne, mais l’on veut rompre dès la fin de la lune de miel. Pauvre hiver. Il ne pourra jamais faire le poids, il le sait.
Le printemps, lui, se fait désirer. Il fait de courtes apparitions, montre la douceur de son souffle avant de recéder la place à son cousin qui hurle de plus belle. Le printemps connaît son succès. Comme un séducteur cruel il fait miroiter la joliesse de son climat à ses adeptes. On pourrait dire qu’il aime les faire souffrir. Pour une brève incursion, l’hiver se déchaîne pendant des jours et des jours. Froid intense qui engourdit les doigts. Grisaille, blancheur même, du ciel. Non, vraiment, il est temps qu’il parte.