Depuis plusieurs semaines le jour ne s’est pas levé. En tout cas le ciel est sombre et une épaisse couche de nuages opaques stagne au-dessus des têtes. Par moments, une pluie acide éclate et ronge les sols appauvris. La couleur gris jaune qui teinte tout en dit long sur la qualité de l’air. Un air vicié et lourd qui décourage les plus téméraires de mettre le nez dehors.
C’est arrivé sans prévenir. Si depuis longtemps les experts alertaient sur les risques, personne ne s’attendait au cataclysme. Les groupements religieux y ont vu le signe du Jugement Dernier. Beaucoup d’athées se sont alors mis à croire en Dieu. Il n’y croit toujours pas. Parfois il se demande pourquoi il déploie autant d’énergie à survivre alors que tout le monde sait que la situation ne s’arrangera pas. Pourquoi ne pas sortir et se laisser engloutir par la mort ? Mais non, décidément, il n’est pas prêt à cela.
Il s’est isolé pour ne pas avoir à s’occuper des autres. Dans les premiers jours, un adolescent avait essayé de trouver refuge auprès de lui, incapable de partir seul à la recherche de sa famille. Il lui avait fallu du temps pour le semer. Très vite il a réalisé qu’il ne tenait pas à retrouver ses proches. Ce monde là n’existe plus et tous ceux qu’il aimait ont été engloutis avec lui. Les retrouver dans ces circonstances d’apocalypse changeraient tout dans leurs rapports, il ne veut pas voir ça.
Il s’est ménagé un abri discret et suffisamment vide pour que personne ne vienne lui dérober quoi que ce soit. Depuis la catastrophe c’est comme si toute trace de civilisation avait quitté les hommes. Il regarde le ciel noir au-dessus de lui et crache au sol.