L’héritage

J’ai reçu un coup de téléphone le matin du 4 août. Un coup de téléphone qui m’a assommé. Mon père, le célèbre peintre Vincent Pinon, était mort d’une crise cardiaque dans son atelier. Je n’avais pas vu mon père depuis au moins deux ans. Nous nous étions brièvement appelé au téléphone pour la nouvelle année, mais l’un comme l’autre, nous n’éprouvions pas l’irrépressible envie de passer du temps ensemble.

Mon père vivait seul et n’avait jamais été marié, j’étais donc l’unique hériter de ses biens et de son droit moral. Je m’en serais bien passé…

J’eus un premier rendez-vous avec le notaire qui fit l’inventaire des biens. Dans une situation financière confortable, mon père ne vivait pas pour autant dans le luxe. Ce qui présentait le plus de valeur c’était évidemment ses tableaux qu’il fallait faire estimer.

Je me rendis seul chez mon père pour mettre de l’ordre dans ses affaires. Je ne m’étais jamais vraiment intéressé à sa peinture, qui me paraissait l’éloigner des relations humaines. Je savais qu’il avait du succès et qu’il avait un contrat d’exclusivité avec une galerie. Il faudrait bien que je me penche sur ces questions à un moment où à un autre, mais j’avais d’ores et déjà le sentiment que tout cela serait trop compliqué.

Il était étrange pour moi de découvrir un homme que je ne connaissais pas. Je n’avais même jamais regardé sa peinture comme je le fis ce jour là. Ce qui m’avait toujours semblé être des aplats de couleurs aléatoires sur la toile prenait soudain une dimension nouvelle à mesure que j’observais les toiles les unes à côté des autres. L’expression artistique de mon père semblait enfin s’ouvrir à moi.

 

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