Celle qui avait trouvé un éditeur

La différence c’est le travail

Il était allongé dans son lit, les yeux grands ouverts depuis trois bonnes heures. Il n’arrivait pas à s’endormir. À côté de lui son partenaire dormait comme un bébé depuis qu’il avait posé la tête sur l’oreiller.

Lui pensait sans arrêt au succès d’Émilie, qui l’avait appelé, hystérique, à dix huit heures. Un éditeur avait accepté de publier son roman. Il l’avait félicitée, évidemment, mais intérieurement il avait senti comme une décharge électrique qui l’avait traversé de haut en bas. Il s’était dit cette phrase horrible : « Pourquoi elle et pas moi ? »

Cette phrase l’avait tenu éveillé des heures. La réponse, pourtant, était à sa portée depuis le début. Émilie avait travaillé. Elle avait décidé d’être publiée et avait mis toutes les chances de son côté. Elle avait ménagé à l’écriture une place quotidienne dans sa vie, elle l’avait valorisée, l’avait accueillie comme il se devait.

Lui n’avait jamais fait ça. Il écrivait en dilettante, de façon sporadique, sans aucune régularité. L’envie d’écrire était un petit pincement, une vague idée au fond de sa tête, mais il trouvait toujours mieux à faire que se mettre derrière son ordinateur pour travailler. Savoir cela ne l’empêchait pas d’être jaloux. Jaloux de la capacité de travail d’Émilie, cette capacité qu’il n’avait pas.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *