L’impatience

Elle avait toujours attendu cette semaine avec impatience. Une semaine avec des gens intelligents, qui la défiaient intellectuellement. Une semaine pour se raconter des histoires. Elle but la dernière gorgée de son thé et regarda la pendule de la cuisine. Elle avait une demi-heure d’avance. Cela n’arrivait jamais. La veille elle était sortie de son appartement en catastrophe, son manteau à peine enfilé et les cheveux encore défaits pour partir au travail. Plus la semaine avançait et plus elle était en retard. C’était comme ça. Son supérieur avait beau lui en faire le reproche, c’était comme ça, il n’y avait rien à faire.

Mais quand elle partait en vacances, là il n’était plus question de retard. Une impatience profonde la gagnait. Elle était en avance. Une avance dont aucun de ses collègues n’aurait jamais pu la croire capable.

Désormais elle attendait que Pierre passe la chercher en voiture. Ils feraient la route ensemble. Il n’y en avait pas pour longtemps. Deux heures à peine. Elle savait que lui arriverait à l’heure pile. Elle regardait la pendule, bercée par son tic tac et scrutant les micro-avancées de l’aiguille. Dehors il pleuvait, mais cela n’avait pas d’importance. Là où ils allaient, même la pluie ne pouvait pas gâcher l’atmosphère.

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