Le vent menace de faire s’envoler l’auvent. La porte qui tressaute sur ses gonds produit un petit grincement. Il est tôt, avant que la chaleur ne vienne étouffer le balcon de son étau. Pour l’instant les feuilles s’agitent. Danse épileptique des brindilles.
Il regarde tout cela d’un air blasé. Avaler son café d’un trait, faire une grimace quand il brûle la gorge. Ce matin il a décidé d’aller travailler en vélo. Il a mis une chemise propre dans son sac, rempli soigneusement sa gourde. Il a même pensé à prendre un gant de toilette pour un rafraîchissement sommaire dans les W.C. Il s’est levé tôt pour se laisser tout le temps d’arriver. Il n’avait pas réalisé que tout ce temps pouvait aussi jouer en sa défaveur : de longues minutes pour se rétracter. Mais il tient bon. Ses collègues lui ont trop dit qu’il renoncerait.
Il descend les escaliers de son immeuble jusqu’au local à vélo, toujours ouvert. Cela l’arrange puisqu’il en a perdu les clés. Mais son vélo a disparu. Son vieux vélo dont la peinture rouge s’écaille. Il pousse un juron. Comment une journée qui paraissait avoir si bien commencé peut prendre une autre tournure ?
