Pendant de nombreuses années j’ai sacralisé le métier d’auteur.
En France l’approche de la littérature met en avant le génie créateur et c’est tout naturellement que j’en suis venue à penser que pour être écrivain il fallait avoir une sorte d’inspiration, quasi une prédestination, qui nous touchait ou non et qui nous révélait quelque chose comme la « Vérité de la littérature ». Avec ce genre de considérations, j’enfouissais l’écriture comme quelque chose de très privé que je devais explorer seule. Si je n’y arrivais pas, c’était parce que je n’avais pas le talent suffisant. Il n’était donc pas question de m’intéresser à ce que des auteurs disaient de leur métier : si je voulais être un vrai écrivain, il fallait que je le devienne toute seule, comme une grande.
Je pense que je ne suis pas la seule victime de ce mythe du génie solitaire.
Récemment (trop récemment même je dirais), je suis sortie de cette bulle et j’ai commencé à lire et à écouter des conseils d’auteurs sur leur métier et leur pratique personnelle. Mon déclic a été une phrase écrite par Frédéric Meurin où il évoquait le « show don’t tell » qui a eu une résonance en moi. Pendant plusieurs jours j’ai lu tous les articles de blog, écouté tous les podcasts, regardé toutes les vidéos que j’ai trouvés sur l’écriture. C’est à ce moment là je crois que j’ai décidé de reprendre sérieusement un projet de roman et de le mener à son terme.
Avant d’écrire, désacraliser
Dans tous les conseils d’écriture que j’ai pu trouver sur Internet, celui qui revient le plus souvent est la discipline qui consiste à écrire tous les jours, même quelques phrases, qui maintiennent la connexion avec le travail en cours. Je trouve ce conseil essentiel et il m’a beaucoup aidée. Pourtant je crois que la démarche que j’avais eu juste avant l’a été tout autant, c’est-à-dire celle de désacraliser. D’arrêter de croire que l’écriture était innée et que c’était presque de la triche de chercher des conseils d’écriture pour progresser.
C’est le problème de l’Art avec un grand A. À mettre les artistes sur un tel piédestal, à admirer le génie et le talent on oublie souvent de se rappeler que l’art c’est surtout le travail. C’est le temps que l’on consacre à une activité créatrice qui ouvre nos perspectives, qui nous amène à réfléchir, à aller plus loin, à sortir de notre zone de confort. Il n’y a pas que le talent qui fait un grand artiste, il y a surtout le travail long et fastidieux qu’il y aura consacré, ses essais et ses échecs, ses inspirations d’autres maîtres aussi. On ne devient pas un génie artistique au milieu d’un grand vide, sans influences diverses, sans travail et sans rater. Si aujourd’hui cela me paraît évident, presque un lieu commun, j’ai mis pourtant beaucoup de temps à l’associer à ma propre pratique créative.
Conseil n° 0 : désacraliser
![[Vie d’auteur] Désacraliser](https://i1.wp.com/papyrophile.fr/wp-content/uploads/2017/07/vie-auteur-desacraliser.jpg?fit=600%2C400&ssl=1)