Trop loin, les mots,
les mots longtemps muselés.
Mes doigts raides ont perdu leur dextérité
et tout mon corps est entravé.
La tête échouée sur mon coude replié,
pèse tout le poids de mon corps et de mon être.
En mon centre, l’envie de pleurer devant l’impuissance, mon échec.
Je n’arrive plus à rien.
Les doux souvenirs de réussites lointaines se nimbent d’un voile imaginaire.
Je n’arriverai plus à rien et je suis condamnée à demeurer cette âme lourde, qui se traîne.
Chaque jour plus poussif que la veille
et cet effort pour s’asseoir là, au travail.
Allongée dans mon lit, les minutes passent et je regarde le ciel.
Les yeux clos, je me recroqueville, l’esprit tendu dans le rêve.
Je n’ai envie de rien, je ne suis bonne à rien.
Je regarde sur mon téléphone les réussites des autres.
Je m’abreuve de la beauté qu’iels font naître, mais je ne vois que le reflet de ma nullité.
Tout me renvoie à elle.
Le bureau, délaissé, me crie la honte, mais je me détourne,
m’efforce de l’ignorer.
Les journées s’écoulent d’un gris terne
et le vide m’emplit toute entière.
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