Dans le miroir elle scrute sa peau. Elle a vieilli. Elle lui semble moins élastique qu’avant, il y a plus de rides au coin des yeux, autour de sa bouche. Quelques trente années d’existence et maintenant la pente qui descend. C’est un faux plat, mais elle et ses amis ne sont pas dupes. Les douleurs chroniques se sont installées insidieusement, certains sont tombés gravement malades, d’autres en voie de disparition. Longtemps ils ont été épargnés, mais cela ne pouvait pas durer. Trente et quelques années et elle réalise enfin leur vulnérabilité.
Elle s’observe dans le miroir et se trouve belle, c’est une de ses forces. Malgré la lente déchéance qu’elle sent couler sur elle, elle éprouve un vain orgueil à se savoir attirante. Ce faisant elle joue le jeu des dominants, elle le sait, mais la satisfaction qu’elle éprouve est trop délicieuse, trop enveloppante pour y renoncer. Son corps allié qu’elle a presque toujours aimé, elle le remercie chaque jour d’être encore beau et en mouvement.
Dans le miroir, elle apprend à voir passer le temps.
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